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A l’origine du Fil

Au tout début ...

Au départ, j’avais pensé à devenir écrivain public. J’étais fascinée, enfant, par les troubadours, conteurs et autres plumes et talents dédiés à porter la voix des autres pour des messages importants, ou tout simplement, faire émerger du beau, du rêve, face à l’absurdité du monde. J’écrivais des messages sur des petits papiers, déjà la trace de chaque signe me fascinait, tous ces petits mondes infinis réunis en une immense mer typographique.

Ensuite, j’ai découvert les ateliers d’écriture lors de mes études en Lettres Modernes avec Anne Roche http://www.m-e-l.fr/anne-roche,ec,219, précurseuse du mouvement en France et auteur de L'atelier d'écriture, Eléments pour la rédaction du texte littéraire - aux côtés de qui j’ai vogué à la découverte des propositions de François Bon, de l’univers délirant et complexe de l’Oulipo, de la subtilité de Georges Perec et des catalogues de Francis Ponge.

J’ai décidé d’en faire mon objet de recherche en Maîtrise de Lettres Modernes en m’intéressant à la question de la remédiation scolaire via l’expression et l’écriture créative : comment un enfant qui n’arrive pas à s’exprimer - en classe ou en dehors - peut il peut être trouver sa place en traçant, avec ses mots, son propre sillage ?

J’ai eu la chance de vivre cette année et dans le même temps l’expérience d’écrivante et d’animatrice aux côté d’Anne Buresi, au sein de l’Association Motissage à Marseille. J’ai ainsi écrit régulièrement pendant plusieurs mois, en groupe, et j’ai découvert la force de l’écriture et son pouvoir résilient en période de deuil ; tout en accompagnant l’association dans ses activités en classe et hors classe - notamment sur des ateliers d’écriture libres dans la cité de La Castellane à Marseille.

Dans ce dernier cadre, j’ai pu voir des enfants déchirer un livre ... puis plusieurs semaines après, comme des chats sauvages doucement apprivoisés à leurs sensibilités, ces mêmes enfants écrire et lire leur texte sur une natte, ensemble, dans la cour de la cité.

J’ai reproduit ces expériences en les déclinant aux spécificités de chaque contexte dans des écoles et des collèges à Marseille, à l’université d’Aix en Provence, mais aussi en école Franco Sénégalaise et à l’Institut français à Dakar. Ecrire permet d’accéder à soi, mais aussi aux autres - en découvrant à travers les consignes d’écriture des auteurs et en lisant ses productions, ce sont plusieurs mondes qui s’ouvrent.

Je suis fascinée par la peinture d’Alechinsky qui mêle la trace et le signe, le pigment et la lettre, l’encre et les mots - j’associe donc parfois l’image (photo, peinture, dessins) à l’écriture. Je pense que chaque être porte un sens du beau et peut le faire partager. Le Fil* est né de cette conviction, et d’une fortuite rencontre avec le Centre Culturel FGO Barbara dans le quartier de la Goutte d’Or en mars 2015 avec qui j’ai tissé les 1ères balades. « Il faut un nom pour la restitution ! ». Je n’ai pas réfléchit plus qu’une seconde. « Le fil » est venu tout seul. Et les bobines se sont tissées d'elles-mêmes : j'ai été fascinée de voir les participants s'appuyer sur un panneau, un scooter, n'importe quoi, pour écrire : une "urgence" de tracer ses mots, d'autoriser cette sortie de son propre beau, en pleine rue.

Aujourd’hui, après un séjour en Afrique de l’ouest, je travaille depuis Paris dans le champ de l’éducation à l’international, en accompagnant des projets à visée pédagogique et en créant des ponts entre les différents acteurs qui souhaitent rendre accessible le savoir et la culture (associations, institutions, startups).
Les ateliers d’écriture sont un outil d’animation, un prétexte à apprendre (de soi, des autres, des auteurs abordés), un temps subtil d’être à soi, d’être au monde ... une respiration.

Laura Maclet